Le renouvellement technologique, une évolution des systèmes d'information à marche forcée ?

Vous connaissez certainement le phénomène d’obsolescence, et même d’obsolescence programmée qui touche principalement les produits high-tech comme votre smartphone. Les technologies, en perpétuelle évolution, provoquent le même phénomène dans l’univers des produits digitaux : sites internet, plateformes e-commerce ou applications, aucun n’échappe à la règle.

Ces évolutions technologiques constantes sont également dictées par des problématiques de sécurité, de gouvernance, des impératifs des marchés ou de nouvelles exigences règlementaires. En tant qu’entreprise, à quel moment ou à quelle fréquence devez-vous vous plier à ce renouvellement technologique et assurer la pérennité de votre système d’information ?  

Un existant qui reflète des besoins dépassés

Code, système d’information, framework, machine virtuelle… Dès qu’une couche technologique monte de version ou qu’une nouvelle techno fait son entrée sur le marché, ce sont toutes vos ressources en place qui se retrouvent progressivement déclassées. Au fil du temps, les produits que vous aviez développés, même s’ils continuent à vivre et être entretenus, ne répondront plus aux standards, risqueront de présenter des failles de sécurité ou ne trouveront plus les compétences pour les maintenir. Votre existant finira par refléter des moyens dépassés qui ne peuvent plus répondre aux nouveaux besoins ! 

Certes, des produits digitaux continuent de voir le jour avec des technologies dites « anciennes », mais ils restent marginaux. Les entreprises ont tendance à s’aligner avec un marché technologique dynamique qui propose une diversité de solutions attirant les développeurs et populations techniques, tout comme elles séduisent les clients finaux par leurs possibilités croissantes.   

Que vous soyez une banque, un e-commerçant, un éditeur de logiciel, une société de service, une PME ou une entreprise du CAC 40 qui utilise des produits digitaux, vous êtes concerné, et même tributaire de ce renouvellement technologique. Faut-il cependant évoluer au même rythme que celui des nouveautés ? A quel moment l’évolution devient-elle nécessaire ? 

Doit-on migrer vers les nouveautés du marché ? 

Au-delà des possibilités évoquées, des performances graduelles, de l’optimisation du temps et de la puissance de calcul, au moins trois raisons devraient vous pousser à réfléchir au renouvellement de tout ou partie de votre système d’information :  

  • Le business : le business pousse les évolutions technologiques pour rester compétitif, garder ou gagner des parts de marché, développer les ventes, fidéliser les clients… Les utilisateurs de produits digitaux sont à la recherche de la meilleure expérience possible : hors de question de poursuivre leur navigation sur un site qui ne tient pas la charge, dont les pages s’affichent trop lentement ou qui ne soit pas responsive. Ces détails participent également au référencement, alors que l’une des guerres pour un business en ligne performant est d’apparaître dans les premiers résultats ! Expérience, performance, mais aussi sécurité des données : pour continuer à séduire et fidéliser vos utilisateurs, il faut que votre applicatif puisse répondre à ces exigences.  

  • Les compétences : le renouvellement technologique dérive aussi en sujet RH… car il impacte l’employabilité ! Les populations techniques ont besoin d’évoluer et d’être embarquées dans la tendance technologique, au risque que leurs compétences ne soient un jour plus reconnues ni recherchées. Ce qui signifie également que les compétences pour maintenir les « anciennes » technologies se raréfient et qu’à terme, il deviendra compliqué de trouver les ressources nécessaires pour les entretenir… ou elles s’obtiendront à prix d’or.    

  • La complexité : gérer une technologie dépassée ou accumuler des couches technologiques hétéroclites finit par transformer votre SI en usine à gaz ! Le coût d’entretien devient alors exorbitant, sans compter la complexité ou la dette technique accumulée… Il devient plus facile et moins onéreux de faire table rase et de repartir avec une technologie plus moderne et plus légère. 

Parfois, le marché met lui-même fin à la vie et aux évolutions de certains softwares et bibliothèques, une manière de vous pousser à vous mettre à jour et de converger vers les toutes dernières technologies innovantes en adéquation avec les standards du marché ! Microsoft a, par exemple, annoncé la fin de la prise en charge de .NET Framework 4, 4.5 et 4.5.1, alors que .NET 6 vient de sortir.  

Toujours sur cet aspect de « choix », évoluer s’avère parfois difficile à cause la « captivité » que génèrent certains éditeurs. Elle s’illustre par exemple avec des produits de Microsoft et Java. La plateforme .NET propose des applications web réalisées via des outils purement Microsoft (Visual Basic, ASP.NET, MVC etc.), uniquement hébergées sur des serveurs IIS… soient des serveurs issus de l’environnement Microsoft. La plateforme Java, quant à elle, propose du JSP fait par SUN sur des serveurs Tomcat. Ces outils permettent de créer des produits spécifiques, mais ils restent dépendants de la plateforme de leur éditeur ou s’avèrent bien moins flexibles s’ils sont hébergés ailleurs. Le couplage fort entre outil et plateforme pose de fortes contraintes d’architecture et d’hébergement aux utilisateurs. Le choix qu’il vous reste ? Suivre le mouvement de ces éditeurs, ou tout reprendre de zéro avec d’autres technologies qui s’adaptent à votre environnement existant et à vos budgets.  

N’oublions pas de mentionner certaines réticences naturelles que les limites de certaines technologies suscitent. Si les nouveautés séduisent, elles peuvent aussi poser des freins, comme le cas du cloud. Nouvelle architecture à la mode, le business de la migration vers le cloud est estimé à… 623 milliards de dollars en 2023. Les migrations se sont accélérées lors de la crise COVID-19, selon DECIDEO. Le cloud promet des coûts attractifs, une maintenabilité facilitée ou encore une flexibilité que n’ont pas les hébergements on-premise. Et pourtant ! Toutes les organisations ne s’y ruent pas encore, notamment pour des raisons de sécurité des données, tels que les SI militaires ou des industries à activité sensible. Selon certaines contraintes sectorielles ou métiers, vous pouvez tout à fait choisir de ne pas embrasser toutes les nouveautés.   

Evoluer ou ne pas évoluer… un coût à ne pas négliger !  

Une étude de Forrester déclare que les DSI consacrent en moyenne 72% de leurs dépenses à la gestion de l'existant, contre 28% pour les nouveaux projets. Si maintenir un existant dépassé est une source de coûts, ne négligez pas celui d’une évolution : vous devrez penser à investir dans de nouvelles compétences ou montées en compétence, dans une nouvelle infrastructure, dans une stratégie de sécurité adéquate… Il existe de nombreuses lignes à prendre en compte et elles ne manquent pas de faire grossir l’enveloppe ! Une évolution embarque inévitablement une gestion des exigences techniques, fonctionnelles, organisationnelles, humaines… Et tous ces changements sont à cadrer avec l’ensemble des parties prenantes pour maîtriser les délais comme les coûts. 

Entretenir, refondre l’existant, veiller sur les nouveautés ou monter de version engendrent chacun des coûts : vous devez identifier où placer le curseur selon votre budget, les compétences disponibles sur le marché, les évolutions réglementaires ou encore les impératifs de votre activité. Vous ne pouvez pas vous lancer à tout prix dans la course technologique : elle est sans fin ; mais sans pour autant vous laisser complètement dépasser et devoir combler un retard trop important. Si vous vous dirigez immanquablement dans le sens de l’évolution, c’est avant tout un équilibre à trouver. Vous devez définir le bon moment, le périmètre, ainsi que la bonne solution pour répondre à votre besoin… qui lui aussi finira par évoluer.