RGPD : Les applications gratuites, c’est fini !

Au-delà de la protection du citoyen, de sa vie privée et sa sécurité, c’est un véritable bras de fer entre l’Europe et les Etats Unis qui s’engage ! Fini nos données gratuites pour les GAFA... Alors adieu nos applications gratuites ?

Le 25 mai 2018, l’Union Européenne rendra active une règlementation (la GDPR : General Data Protection Regulation) applicable dans tous les pays de l’union et dont l’objectif clairement exprimé est de protéger tous les individus résidant dans l’Union Européenne. On a déjà beaucoup parlé des nouveaux droits qu’elle apporte, ceux des salariés vis-à-vis de leur employeur ou ceux des internautes qui sont par la suite harcelés par des publicités parce qu’ils ont un jour laissé leurs informations personnelles sur un site. En effet, qui n’a jamais vu sur son écran défiler un produit qu’il avait consulté juste avant ? Si on y regarde bien, l’enjeu de cette nouvelle règlementation va beaucoup plus loin et il y aurait fort à parier qu’il y ait un revers de la médaille.  

Qui collecte toutes nos données de recherche lorsque nous surfons ? Ne serait-ce pas Google et autre fournisseur de moteur de recherche ?   Nous laissons partout des traces de notre passage, qu’il soit physique ou virtuel. Nous recherchons dans notre moteur préféré l’adresse d’un coiffeur, d’un marchand de meuble, nous arpentons les concessions automobiles en quête d’un nouveau véhicule… Big Brother sait exactement où nous sommes passés puisque nous avons accepté des cookies ou bien nous avons laissé notre smartphone en mode wifi et qu’il marque notre parcours comme les cailloux du Petit Poucet.  

Toutes ces informations qui nous sont reliées sont donc la source d’un fleuve de données qui sont vendues à des entreprises souhaitant faire connaître leurs shampoings, leurs meubles ou leurs voitures et qui vont payer cher des emplacements publicitaires qui défileront sous nos yeux lors de nos prochains surfs sur internet. Il y a donc d’un côté un océan de données gratuites et d’un autre côté ceux qui les exploitent pour gagner de l’argent. Selon l’article paru le 27 avril 2017 sur le site lesechos.fr, les revenus publicitaires d’Alphabet/Google représentaient 86% de son chiffre d’affaires au 1er trimestre 2017, soit près de 21 milliards de dollars !  

De son côté Facebook n’est pas en reste puisque selon les écrits de Capital.fr publiés le 31 juillet 2017, « Facebook continue de jouer à cache-cache avec le fisc français… D’après les comptes déposés le 10 juillet au greffe du Tribunal de commerce de Paris et que Capital.fr a consultés, la filiale tricolore du géant américain n’a payé que 1.162.708 euros d’impôts sur les bénéfices en 2016. Une petite enveloppe à rapprocher du chiffre d’affaires déclaré, 36,95 millions d’euros, et du résultat courant avant impôts, 3,42 millions d’euros ». Capital.fr a fait le calcul : le bénéfice estimé en France est de 245 millions d’euros… « le montant de l’impôt sur les sociétés que Facebook France aurait dû verser [est de] 81,6 millions d’euros (au taux normal de 33,3%) ! Bien loin des 1,2 million dont s’est réellement acquitté la filiale française ! »  

 

Autant de revenus qui ne bénéficient pas à l’Union Européenne !

Aujourd’hui, on surfe pour trouver gratuitement des informations, on mesure ses performances sportives, on reçoit les dernières nouvelles journalistiques, on trouve des recettes culinaires, on regarde le programme télé, … tout cela grâce à des applications gratuites. Mais qui paye la création et la mise à disposition de ces applications ?

La réponse est simple : ceux-là même qui vendent à prix d’or nos informations précieusement collectées grâce à ces applications !  

La rationalisation de la circulation des informations personnelles risque de bouleverser l’ordre des choses. En effet, si seulement 21% des personnes interrogées par OmnicomMediaGroup se déclarent prêtes à payer pour ne plus recevoir de publicité sur leur mobile, il va certainement y avoir de nouveaux modèles à inventer pour toutes les entreprises dont le revenu, la communication ou le marketing sont basés sur l’exploitation de nos données personnelles. Même si la majorité des consommateurs a bien conscience de l’utilisation de ses données, ces derniers pourraient avoir envie de se protéger.   

D’autant plus qu’ils ne savent souvent pas jusqu’où ils sont « espionnés ». Quelle part de nos informations personnelles (de notre âme ?) sommes-nous prêts à sacrifier pour pouvoir continuer d’utiliser gratuitement nos sacro-saints Facebook et autres Snapchat ? Certes la réponse dépend de l’âge de la personne. Mais l’aveu par les entreprises de la collecte de toutes ces datas qui nous concernent pourrait bien finalement obliger ces dernières à collecter sans doute moins d’informations, mais en compensation, établir avec ses clients une relation de proximité et de confiance. Par exemple, en proposant aux utilisateurs des usages, des services ou des produits davantage personnalisés…  

Quoi qu’il en soit, il reste à trouver un équilibre entre les acteurs : fournisseurs de données, fournisseur d’espace media, intermédiaire média… moins de quantité obligera sans doute à se diriger vers plus de qualité, de nouveaux modèles économiques et surtout un plus juste équilibre entre l’Europe et les USA. A savoir : celui qui fournit les données (gratuitement) et celui qui les fait fructifier. *Source OmnicomMediaGroup (Baromobile)   

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