Composable commerce : pourquoi les entreprises doivent-elles se préparer au move to cloud obligatoire de leur écosystème e-commerce ?
Dans un paysage technologique en constante évolution, le passage des plateformes monolithiques historiques « on premise », soit celles que vous hébergez vous-mêmes, aux solutions modernes SaaS puis « full API » avec le composable commerce, représentent un changement de paradigme dans le déploiement des sites e-commerce. Afin de répondre aux exigences d'un environnement de marché dynamique, la manière dont les entreprises conceptualisent, développent et déploient des solutions logicielles s’est métamorphosée. Découvrez quelles sont les raisons de ce move to cloud, ses impacts et comment s’y préparer !
Avant le composable commerce, comment les premières plateformes e-commerce permettaient de déployer des sites sur mesure ?
Historiquement, les plateformes « on premise » dominaient le paysage de l'architecture logicielle. Ces systèmes monolithiques se caractérisaient par leurs composants étroitement intégrés, où toutes les fonctionnalités étaient regroupées en une seule unité cohérente. Tous les besoins liés au e-commerce étaient adressés par ces plateformes : gestion du catalogue, moteur de recherche, gestion du contenu éditorial, tunnel d’achat et gestion des commandes. Si ces plateformes ont rempli leur fonction à une époque, simplifiant la mise en œuvre du e-commerce elles ont fini par poser des défis importants à mesure que la maturité des entreprises, donc les besoins technologiques et commerciaux évoluaient.
Les plateformes monolithiques « on premise » se démarquaient par leur grande évolutivité, permettant l’ajout de nouvelles fonctionnalités ou la modification de celles existantes au travers de développements spécifiques. Les sites se lançant et les expériences n’étant pas encore normalisées, les premiers sites e-commerce représentaient un bac à sable formidable où apprendre et développer le métier de e-commerçant.
Toutefois, cette évolutivité venait avec un coût. Des réécritures approfondies, des contournements du code natif ou encore des mises à jour à l'échelle du système entraînaient des cycles de développement prolongés et un risque accru d'erreurs. La consécration de l’Agilité, la dégradation du time-to-market et la baisse du ROI par l’accroissement des coûts de maintenance de ces plateformes monolithiques ont souligné l’évidence : le modèle s’essoufflait.
L’arrivée des solutions SaaS force l’évolution des plateformes historiques vers les offres PaaS
Puis, le SaaS (Software as a Service) a révolutionné la façon dont les logiciels étaient développés, livrés et consommés. En tirant parti de l'évolutivité et de l'élasticité des infrastructures cloud, les fournisseurs SaaS ont offert un accès à la demande aux applications logicielles. Ils ont ainsi éliminé le besoin d'installations complexes et d'investissements matériels.
Le modèle SaaS a démocratisé l'accès à la technologie en rendant les solutions logicielles sophistiquées (adaptation automatique aux pics de demande de performances, services cloud, intelligence artificielle, etc.) accessibles aux entreprises de toutes tailles.
De plus, le SaaS a introduit un modèle de tarification basé sur l'abonnement. Les entreprises payent uniquement pour les services qu'elles utilisent, elles réduisent ainsi les coûts initiaux et améliorent leur prévisibilité financière.
L'adoption rapide du SaaS a marqué un changement fondamental dans la manière dont les entreprises abordent l'achat de logiciels, en mettant l'accent sur l'Agilité, la rentabilité et l'expérience utilisateur.
Plus d’hébergement à gérer, une tarification basée sur les services réellement consommés… Sur le papier, les avantages sont évidents ! Les e-commerçants peuvent enfin se concentrer sur leur véritable métier en éliminant un certain nombre de complexités IT. Sans compter que massifier leur déploiement dans le cloud leur apporte des économies d’échelle.
Pour accompagner ces changements, les éditeurs de plateformes historiques ont transformé leur offre sur trois axes, développant des approches PaaS :
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Passage au Cloud : l’offre de Platform as a Service (PaaS) dans le cloud supplante la commercialisation « on premise ». Ce tournant s’observe chez les éditeurs : SAP Commerce devient SAP Commerce Cloud, Magento devient Adobe Commerce Cloud, Shopware développe des approches PaaS et maintenant SaaS, OroCommerce arrive avec une approche directement PaaS, etc.
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Exposition par API (Application Programming Interface) de toutes les entrées / sorties de données pour offrir aux échanges de données une dimension temps réel complétant les interfaces historiques par échange de fichiers (par exemple la mise à jour instantanée des prix et des stocks).
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Développement des synergies avec leurs autres offres, à l’image d’Adobe. L’éditeur a développé une chaîne de valeurs autour d’Adobe Creative Cloud (Photoshop, Express, Illustrator, Acrobat, etc.) pour la production d’assets et d’Adobe Expérience Cloud (GenStudio, Expérience Manager, Real-Time Customer Data Platform, Marketo, Workfront, Commerce…) pour leur utilisation au sein d’expériences – commerçantes et au-delà.
Du SaaS vers le Composable commerce
Si le SaaS a résolu bon nombre des lacunes des plateformes monolithiques « on premise », il a également introduit son propre lot de défis.
Un problème notable est le manque de personnalisation et de contrôle. En effet, les solutions SaaS offrent souvent une flexibilité limitée pour adapter les fonctionnalités aux besoins spécifiques de l'entreprise. Il s’agit maintenant de s’adapter aux solutions, et non plus d’essayer de les adapter à son contexte de travail. Le défi se déplace d’en enjeu de flexibilité des outils techniques pour conserver une approche time-to-market et ROI à un enjeu de flexibilité des organisations et de Change Management.
De plus, la protection des clients et de leurs données personnelles se renforce. De ce fait, des préoccupations concernant la sécurité et la conformité des données émergent alors que les entreprises confient des informations sensibles à des fournisseurs de Cloud tiers.
Reconnaissant la nécessité d'une approche plus flexible et modulaire, le concept d'architecture MACH (Microservices, API-first, Cloud natives, Headless) apparaît comme une réponse aux lacunes des plateformes monolithiques « on premise » et des solutions SaaS traditionnelles. Le concept de Composable Commerce était né !
L'architecture MACH met l'accent sur la modularité, l'interopérabilité et la flexibilité en tirant parti des microservices, des API, de l'infrastructure cloud native et de l'architecture headless :
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L'architecture des microservices décompose les applications monolithiques en services plus petits et déployables de manière indépendante. Ainsi, les équipes développent, déploient et font évoluer les fonctionnalités de manière autonome. Cette approche modulaire améliore l'agilité, car des mises à jour et des modifications peuvent être apportées à des services individuels sans affecter l'ensemble du système. De plus, les microservices facilitent l’évolution vers des pratiques DevOps, ce qui favorise la collaboration entre les équipes de développement et d’exploitation, et la réduction des délais de mise sur le marché.
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Les principes de conception API-first permettent une intégration et une interopérabilité transparentes entre des systèmes disparates. Les entreprises de tirent parti des meilleures solutions et créent dès lors des écosystèmes logiciels personnalisés adaptés à leurs besoins spécifiques.
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L'infrastructure cloud native offre l'évolutivité, la résilience et l'efficacité nécessaires pour prendre en charge les applications modernes dans des environnements dynamiques.
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L’architecture headless dissocie la couche de présentation frontale de la logique backend. Elle apporte une plus grande flexibilité et agilité dans la fourniture d'expériences omnicanal.
Un move to cloud obligatoire dont il faut bien comprendre les impacts
Dans le contexte actuel du marché, la prochaine plateforme e-commerce des entreprises - PaaS, SaaS ou MACH - sera donc nécessairement dans le Cloud. Quelles sont les implications de ce « move to cloud » pour les entreprises ? Deux cas de figure se présentent :
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Move to PaaS : si vous ne changez pas d’éditeur, la version PaaS a de grandes chances d’être relativement proche de la dernière version « on premise ». La portabilité est donc assez simple d’un point de vue technique. Néanmoins, n’en faire qu’un projet de migration, sans saisir l’opportunité des services associés à la version PaaS (moteur de searchandizing et moteur de recommandations aidés par l’IA maintenant native de l’éditeur par exemple), n’apporterait aucune valeur métier à l’engagement d’un budget pour la migration. C’est l’occasion de repenser certaines parties (dette technique ou fonctionnelle) ou d’ajouter quelques nouvelles fonctionnalités au passage.
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Move to SaaS / MACH : le move to SaaS ou MACH est plus complexe. Il induit un changement probable d’éditeur, voire des développements spécifiques que les entreprises ne peuvent plus réaliser dans les solutions e-commerce concernées (sauf sur la pure partie Front headless pour déployer l’UX du e-commerçant). En effet, les solutions full API nécessitent une couche middleware d’orchestration des flux, les connexions point à point historiques déclenchées par tâches planifiées directement sur les serveurs d’hébergement n’étant plus possibles, et une UX / UI probablement à reconstruire en headless.
Le Move to Cloud de l’écosystème e-commerce s’avère devenir obligatoire pour les entreprises. Cette opération concerne non seulement les plateformes e-commerce non encore migrées, mais également les solutions de Product Information Management, de Digital Asset Management, de Gestion de Contenu, de Searchandizing et d’Order Management.
Quelles transformations des systèmes d’informations le move to cloud et le Composable Commerce induiront-ils ? Comment s’y préparer ? Retrouvez les facteurs clés de succès et les approches possibles dans le prochain article : Du monolithe au composable : comment opérer le move to cloud des écosystèmes e-commerce ?