Pièces de légos colorées sur fond rouge, symbolisant le composable commerce. Sur un légo rouge est dessiné un point d’exclamation.

Composable commerce : 3 erreurs à éviter dans la mise en œuvre d'une plateforme composable

Le composable commerce est une approche d’architecture qui consiste à créer des solutions digitales intégrées, composées de divers services complémentaires tels que la vente de produits, la diffusion de contenus, les médias, le support client, ou d’autres services annexes. Ces services sont constitués de « composants » ou briques technologiques spécialisées, souvent comparés à des pièces de Lego.


La mise en œuvre d'une plateforme composable consiste donc à sélectionner et à intégrer ces composants, ou plus précisément à les « connecter », puisque ces modules sont souvent dotés de « connecteurs » qui facilitent leur assemblage et leur déploiement. 


Dans le cas où vous les adoptez, quels sont les points de vigilance susceptibles de compromettre la réussite de la mise en œuvre d'une telle plateforme ?

Composable commerce | Erreur n°1 : oublier l'expérience employé 

L'expérience client est généralement le point de départ dans la conception d’une plateforme composable : elle impose d’être fluide et sans rupture, quel que soit le composant sous-jacent qui délivre une étape du parcours utilisateur. Par exemple, si une page produit riche en contenus est générée par le CMS (Content Management System), elle nécessite d’être accessible via le moteur de recherche ou via l'arborescence de la plateforme e-commerce, sans friction pour l'utilisateur. 

En revanche, l'expérience des administrateurs de ces composants est souvent négligée. Par défaut, nous nous contentons de fournir des accès aux différents back-offices, obligeant les utilisateurs à se connecter à plusieurs interfaces selon les tâches à accomplir : contribution de contenus, mises en avant, merchandising, etc. Certes, les équipes marketing sont habituées à jongler avec une multitude d'outils, mais est-ce vraiment acceptable ? Quel est l’impact sur leur productivité ? Plus préoccupant encore, quels sont les effets de l'insatisfaction générée par des saisies multiples et parfois redondantes ? 

Illustrons par un exemple : un fabricant de matériaux de construction et de finition a déployé, depuis plusieurs années, une plateforme internationale - usine à sites - basée sur des composants, et a rencontré la difficulté suivante : les administrateurs des sites, selon leurs rôles (communication, marketing, etc.) et de la taille des marchés, étaient contraints de gérer les interfaces d'administration de toutes les solutions (PIM, CRM, ERP, DAM), en plus des microservices développés ou intégrés (traductions, localisateur, gestion des comptes, etc.). Pour alléger cette complexité, l'entreprise a choisi d'unifier autant que possible ces back-offices, en intégrant un composant d'administration centralisé tel que Sonata Admin. 

Opter pour des composants spécialisés a également des répercussions sur l'organisation interne, telles que la nécessité de formations spécifiques et la spécialisation des profils, ainsi que sur la gouvernance des données. 

En conclusion, si l’expérience client est toujours une priorité, celle des contributeurs peut connaître une dégradation si elle n'est pas prise en compte dès le début du projet. Dans le cadre de votre projet de composable commerce, veillez dès lors à considérer l’expérience utilisateur comme un projet d'intégration à part entière, en déployant, par exemple, un SSO (Single Sign-On) pour les outils back-office, à l’instar d’un CIAM (Customer Identity and Access Management) pour les clients. 

 

Composable commerce | Erreur n°2 : être dogmatique dans le choix technologique 

Certaines entreprises se lancent parfois dans la création d'une plateforme composable “à tout prix” simplement pour se conformer à la tendance. Cependant, il existe des alternatives au composable commerce, ainsi que des solutions hybrides qui proposent une adaptation progressive en fonction des besoins. L'architecture composable est avant tout une réponse à des problématiques clairement identifiées. 

L'importance de l'omnicanalité et de la flexibilité 

L'omnicanalité, comprenant la présence de plusieurs points de contact et / ou systèmes, pousse souvent à choisir une architecture headless, où le front-end et le back-end sont découplés. Ce choix favorise l’utilisation de composants spécialisés : un CMS headless alimente ainsi à la fois un site web et une application mobile. 

Le dogmatisme sur les technologies sous-jacentes aux différents composants d'une architecture composable est également préjudiciable. Chaque composant est capable de s'exécuter dans son propre environnement cloud (AWS, GCP ou Azure). Ainsi, tous les composants n’utilisent pas nécessairement le même environnement ou celui choisi pour les développements spécifiques.  

Choisir la technologie adéquate 

Vercel, par exemple, représente un excellent environnement pour héberger des développements front-end sur Next.JS ; il est en mesure de fonctionner sur Azure, tout en étant associé à Contentful, un des CMS headless leader du marché hébergé sur AWS. 

Il en va de même pour l’Open Source, qui se justifie dans certains cas spécifiques, et qui s’avère moins pertinent d’autres, tout comme la mise en œuvre de services “faits maison”. 

Prenons l'exemple d'un acteur du secteur sportif, désireux d’adopter un CMS Open Source dans une architecture composable headless. En fin de compte, il a opté pour une technologie éprouvée depuis plus de 20 ans, bien qu’éloignée des standards actuels du marché. Quel était son objectif ? Ce n'était certainement pas de contribuer au développement de la plateforme, comme on pourrait le rencontrer dans le secteur bancaire par intérêt stratégique et avec les moyens appropriés. Cherchait-il à garantir l'évolutivité de la plateforme ? Dans ce cas, il aurait été plus pertinent d’examiner l'ouverture de la solution, notamment au regard du nombre et de la qualité des API disponibles. Espérait-il bénéficier d’une communauté active ? Ne nous méprenons pas : la plupart des projets Open Source sont financés par leurs éditeurs via des offres Cloud et des services premium. Si l'éditeur disparaît, la communauté aura du mal à se maintenir.  
En fin de compte, il aurait été plus prudent de choisir une technologie largement répandue et soutenue par des standards du marché, car les compétences numériques sont rares. 

En somme, la flexibilité et l'adaptabilité l’emportent sur le dogmatisme technologique, car chaque choix est nécessairement guidé par les besoins réels de l'entreprise et les enjeux spécifiques de son projet, plutôt que par des tendances ou des préconceptions rigides. 

 

Composable commerce | Erreur n°3 : avancer sans avoir défini une trajectoire réaliste et financée 

Comprendre les clusters technologiques 

L'implémentation d'une plateforme composable prend des formes variées en fonction de la taille des entreprises et de la portée des projets. Bien comprendre les clusters définis par les grands analystes du marché, tels que Gartner ou Forrester, qui évoluent régulièrement en fonction des tendances, est essentiel. Ces clusters comprennent des catégories telles que : 

- DXP (Digital Experience Platforms), portails, WCM, CMS 

- DAM (Digital Asset Management), ECM (Enterprise Content Management), Content Platforms 

- PIM (Product Information Management) ou MDM (Master Data Management) 

- Commerce B2B ou B2C 

Toutefois, distinguer les fonctionnalités essentielles des options « nice to have » est parfois complexe. Le choix des composants nécessite d’être guidé par les besoins spécifiques de chaque entreprise. Il arrive que certains composants dépassent même leur cluster initial. Par exemple, Akeneo, positionné en tant que PIM, est également capable de gérer des assets digitaux tels que les images de produits. Dans ce cas, faut-il investir dans un DAM supplémentaire ? Tout dépend des besoins spécifiques de l'entreprise.  

Etude de cas  

Analysons l'exemple d'un acteur du secteur de la santé, confronté à une demande croissante de partage et de mise à disposition de ressources digitales, telles que des documents, des images et des vidéos. Plusieurs départements diffusaient divers contenus à des cibles internes et externes, telles que des agences de communication. Face à ce besoin, l'entreprise s'est interrogée sur l'acquisition d'un DAM, se demandant si une simple bibliothèque de documents via Microsoft 365 serait suffisante, ou s'il était nécessaire d'intégrer une solution plus robuste dans le cadre d'une stratégie d'urbanisation et de rationalisation du système d'information. 

 À l'inverse, certaines entreprises abordent ces problématiques de manière fragmentée, par service de leurs organisations (ventes, marketing, service client, finance...) ce qui conduit à orienter les fonctionnalités essentielles, la cohérence des parcours et des données. Par exemple, une entreprise souhaitant refondre son site web a examiné divers CMS, tout en écartant systématiquement le DAM, car géré par un autre département de celui en charge de la réflexion. Une telle approche contribue à nuire à la cohérence de l'architecture digitale, qui, par conception, est transversale, nécessitant parfois jusqu'à une réorganisation interne. 

Valoriser la spécialisation des rôles 

Cependant, la spécialisation des rôles dans l’administration de données spécifiques – et donc de certains composants - apporte une réelle valeur ajoutée à l'entreprise. Par exemple, un expert en gestion de contenu capable de mettre en avant les bons mots-clés générera davantage de trafic ciblé, tandis qu'une spécialisation dans l'optimisation du moteur de recherche promulguera les produits les plus rentables. En combinant ces expertises avec une bonne gouvernance des données, une administration spécifique par composant contribuera, en fin de compte, à améliorer les performances globales de la plateforme. 

Adopter une approche progressive dans sa transformation 

Pour réussir une transformation intégrant le composable commerce, la trajectoire de mise en œuvre est nécessairement progressive. Concentrez-vous en premier lieu sur les composants qui apportent le plus de valeur, en démarrant par un POC (Proof of Concept) ou un MVP (Minimum Viable Product) sur une partie du périmètre. Cette approche présente l’avantage de valider l'usage du composant, tant du point de vue des utilisateurs finaux que des administrateurs, avant d'en intégrer progressivement d'autres.  
Elle facilite également le financement, qui, dans un environnement cloud, requiert d’être aligné sur une montée en puissance progressive. La meilleure approche consiste à se doter d'une roadmap claire, en particulier pour les grandes plateformes digitales en transformation vers une architecture composable. 

En conclusion, réussir une transformation vers le composable commerce nécessite d'avancer vers une trajectoire réaliste qui tienne compte des besoins spécifiques de l'entreprise et de son organisation. Veillez à distinguer les fonctionnalités essentielles de celles secondaires, et à adapter le financement à une montée en charge progressive. Une roadmap claire et une approche par étapes, validant chaque composant avant de progresser, sont les clés du succès vers une architecture composable. 

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