Picture of inflatable balloons representing the ‘V’ at Viva Technology

Salon VivaTech 2025 : entre souveraineté technologique, créativité augmentée et quête de sens

Du 11 au 14 juin, le salon VivaTech 2025 a une nouvelle fois réuni l’écosystème mondial de l’innovation à Paris, confirmant sa position de rendez-vous technologique incontournable en Europe. Si les robots, hologrammes et IA génératives étaient bien présents dans les allées, c’est une autre dynamique qui a véritablement marqué cette édition : la volonté affirmée de construire une technologie plus souveraine, plus utile, plus durable.

Salon Vivatech 2025 : une semaine sous très haute intensité IA

Fait marquant : cette édition du salon VivaTech 2025 a coïncidé avec la première GTC France organisée par NVIDIA à la Maison de la Mutualité. Un événement plus technique, plus fermé, mais très ciblé sur les développeurs, chercheurs, industriels, avec une volonté claire de fédérer un écosystème IA sur le territoire.

Pendant ce temps, à VivaTech, l’IA s’est installée partout, mais de manière plus mature, dans les outils métiers, les produits, les dicussions de fond. L’effet "nouveauté magique" a disparu : l’heure est à l’intégration, à la régulation et à l'impact concret.

Un souffle européen… et souverain

« Sovereign AI is an imperative », a martelé Jensen Huang (co-fondateur de NVIDIA) en ouverture du salon VivaTech, donnant le ton. Plus question pour l’Europe de se contenter d’adopter les technologies développées ailleurs : elle veut les comprendre, les maîtriser, les incarner. Arthur Mensch (cofondateur de Mistral) a rappelé l’urgence culturelle, stratégique et industrielle de cette autonomie.

De nombreux panels, démonstrations et annonces ont illustré cette volonté de souveraineté : partenariats franco-européens (notamment dans le cloud, les data centers ou l’IA open source), présence renforcée de startups deeptech, et avancées concrètes sur les grands sujets industriels (énergie, cybersécurité, défense, santé…).

Photo d'une conférence VivaTech avec Emmanuel Macron et des experts

VivaTech 2025 : une IA plus concrète, plus créative… et mieux encadrée

Cette édition de VivaTech a été marquée par un changement de ton dans les discours sur l’IA générative : après l’émerveillement de 2023, place aux cas d’usage solides, à la gouvernance des modèles, et à la valorisation de l’IA comme catalyseur de créativité.

De nombreuses startups, mais aussi des acteurs établis comme Adobe, Salesforce ou SAP, ont présenté des outils concrets pour les équipes marketing, RH ou commerciales. La France confirme son dynamisme avec des plateformes comme Leonardo.ai, Seelab.ai, Mendo ou Newtone, qui rendent l’IA accessible aux créatifs, e-commerçants et communicants.

Santé mentale, climat, énergie : la tech au service du vivant

Autre tendance forte de ce salon VivaTech 2025 : la tech utile. Loin du solutionnisme, de nombreuses startups ont présenté des innovations pour répondre à des défis majeurs, souvent invisibles. Parmi elles :

  • Virtuosis.ai : analyse vocale des troubles de la santé mentale
  • Zeni : réutilisation des eaux usées via microalgues
  • Medusoil : biocimentation naturelle pour la construction durable
  • Stellaria : réacteur nucléaire nouvelle génération compact et propre
  • Optimus PV : films photovoltaïques souples et colorés pour objets connectés

Cette approche holistique de l’innovation, à la croisée de la science, de l’écologie et de la souveraineté, illustre une maturité croissante de l’écosystème.

Vivatech 2025 : les grands groupes repensent leur présence

LVMH a marqué une inflexion stratégique en exposant principalement ses grandes maisons (Dior, Guerlain, Sephora), reléguant les startups au second plan. D’autres groupes comme Salesforce ont recentré leurs stands sur leurs solutions propriétaires (Agentforce), alors que BNP Paribas, La Poste ou la SNCF ont maintenu une présence forte de startups partenaires.

Un glissement qui traduit peut-être une volonté de contrôle de l’image… mais qui interroge sur l’avenir de VivaTech en tant que place de marché entre corporates et jeunes pousses.

Le Canada à l’honneur au salon VivaTech

Le pays invité cette année, le Canada, a brillamment démontré son leadership en matière d’IA, de cleantech et de santé numérique. Sa délégation de 500 personnes et ses 170 entreprises (dont Scale AI, Vector Institute ou Mila) ont mis en lumière un écosystème public-privé-universitaire structuré et performant.

Des chiffres... à manier avec précaution

Si l’organisation annonce 180 000 visiteurs cumulés et 14 000 start-up « présentes », la méthode de calcul est sujette à caution. À surface comparable, VivaTech reste bien en deçà du CES de Las Vegas ou du Web Summit en matière de visiteurs B2B certifiés.

Un appel à plus de transparence sur ces chiffres pourrait renforcer la crédibilité de l’événement auprès des sponsors et des décideurs.

 

Photo du salon VivaTech avec les stands

Startups à suivre : nos 2 pépites du salon VivaTech 2025

Parmi la centaine de jeunes pousses explorées, voici notre sélection :

  • HABS  -Human Augmented Brain System (France) : Capter, Nettoyer et Analyser vos émotions via un capteur d’onde cérébrale (EEG). LA démo du salon : vous montrer vos émotions pendant la dégustation de macarons Ladurée, à la croisée du neurodesign et du luxe expérientiel.
  • Cubic Corp. (Corée du Sud) : Spécialiste de la génération de données synthétiques, elle transforme les données sensibles en ensembles anonymisés tout en préservant jusqu’à 99 % de leur utilité. Un levier puissant pour exploiter les données sans contrainte réglementaire.

Conclusion : la tech européenne entre puissance et pertinence

VivaTech 2025 a aussi mis en lumière un décalage de plus en plus visible entre le discours des grands groupes sur l’intelligence artificielle et la réalité du terrain. Si de nombreuses entreprises ont mis en scène leur maturité technologique à travers des démonstrateurs impressionnants, cette image lisse ne reflète pas toujours la réalité de leurs usages internes ou de leur gouvernance de l’IA.

Dans les faits, beaucoup de grandes organisations tâtonnent encore, notamment sur l’intégration des IA génératives dans leurs processus métier, la gestion des risques, ou la montée en compétence des équipes. Ce contraste est encore plus flagrant face aux PME, ETI ou acteurs publics, souvent bien moins avancés… et parfois paralysés par l’arrivée imminente de l’IA Act, qui crée un climat d’incertitude réglementaire.

Pour autant, ces grandes entreprises jouent un rôle crucial : elles servent de référent, de boussole ou d’inspiration pour l’ensemble de l’écosystème. Leur exposition à VivaTech agit comme un catalyseur, même si leur posture gagnerait parfois à être plus transparente et plus pédagogique.

Mais pour rester pertinent, le salon VivaTech devra clarifier ses chiffres, améliorer l'expérience visiteur, et garder une ligne éditoriale lisible entre vitrine corporate, laboratoire d’innovation, et agora de la tech utile.

Vous souhaitez échanger avec un expert ?