
DotJS 2025 : IA, web 2.5, inclusion et éthique au cœur de JavaScript
DotJS 2025 a marqué les esprits, et cette édition anniversaire célébrait 10 ans de passion JavaScript avec panache.
Depuis une décennie, cette conférence rassemble la communauté des passionné·e·s du web autour de speakers visionnaires et de rencontres précieuses. L’édition 2025 n’a pas fait exception : elle a été rythmée par des talks inspirants, des échanges stimulants et cette énergie si particulière où l’on se sent à la fois humble… et prêt à repousser les frontières de ses savoirs.
Trois thématiques majeures ont, selon nous, marqué cette édition : les applications pratiques de l’intelligence artificielle dans le développement, une évolution stratégique du backend, ainsi que l’importance croissante de l’inclusion et de l’éthique dans nos environnements de travail.
Décryptons ces trois axes ensemble !
DotJS 2025 : comment l’IA transforme le développement JavaScript
MCP : l’IA révolutionne le développement JavaScript avec le Model Control Protocol
Impossible de passer à côté : l’intelligence artificielle a été l’un des fils rouges de DotJS 2025. C’est Angie Jones qui a ouvert la conférence en introduisant le Model Control Protocol (MCP), un protocole qui symbolise parfaitement l’intégration toujours plus fine de l’intelligence artificielle dans nos outils de développement. Au-delà des effets d’annonce, c’est l’impact tangible de cette évolution qui nous a marqués : nous ne sommes plus dans l’expérimentation. L’IA nous aide désormais à prototyper plus vite, générer du code pertinent à partir d’une idée simple, ou encore explorer des pistes que nous n’aurions peut-être jamais osé tenter autrement.
GenAIScript : l’outil IA qui révolutionne les workflows DevOps
Plus tard dans la journée, Yohan Lasorsa, alias Sinedied, a mis en lumière la puissance de l’IA lorsqu’elle est pensée en cohérence avec les pratiques DevOps. Nous le constatons tous : il devient tentant de déléguer à l’IA une part croissante de nos tâches, avec une efficacité qui frôle parfois l’automatisme… et une certaine paresse assumée. Grâce à GenAIScript, cette délégation franchit un nouveau cap. L’outil permet d’automatiser des peer reviews, de répondre aux issues GitHub avec pertinence, de générer des changelogs plus lisibles et étoffés que ceux produits par les librairies actuelles, ou encore de produire des visuels dans un style “Ghibli-esque” capables de pousser les GPU dans leurs derniers retranchements.
Cas d’usage concrets de l’IA en JavaScript : les conseils de Wes Bos
Pour clore ce tour d’horizon de l’IA à DotJS, l’intervention de Wes Bos, le YouTubeur canadien bien connu pour ses tutoriels JavaScript à la fois clairs et motivants, a parfaitement illustré la manière dont l’IA s’intègre concrètement dans notre quotidien de développeurs.
Pas de promesses futuristes ni de concepts brumeux : Wes a partagé des cas d’usage simples, accessibles, immédiatement activables. Des exemples concrets qui donnent envie de tester, de bricoler, d’enrichir ses projets sans pour autant tout refondre. Il a notamment montré comment réaliser un text-to-speech avec différent timbre de voix grâce à l’intelligence artificielle. Mais surtout, il a montré, et c’est sans doute ce qui nous a le plus marqué, comment supprimer le background d’une image avec là aussi l’aide de l’IA, en quelques lignes de code seulement.
C’est aussi cela la force de ce type de conférence : repartir avec des idées applicables dès le lendemain, et l’envie renouvelée d’explorer, d’apprendre et d’expérimenter.
Deno et OpenTelemetry : une annonce stratégique pour le backend JavaScript
Ryan Dahl, créateur de Node.js et de Deno, a présenté une fonctionnalité en développement pour Deno qui pourrait bien transformer le paysage du développement backend en JavaScript. Deno intégrera OpenTelemetry directement dans son système de débogage, mettant fin aux heures passées à déboguer via des console.log ou à jongler avec des packages complexes à configurer.
Avec cette intégration, les développeurs auront accès à un suivi complet et à un chronométrage précis, le tout via une interface graphique simplifiée.
Inclusion et éthique au cœur de DotJS
Inclusion et neurodiversité : repenser le développement
Abbey Perini, conférencière et developpeuse Javascript Full-stack, a abordé la question du TDAH dans le monde du développement et, plus largement, de la neurodiversité. Ce moment a été à la fois sensible et percutant, soulignant l’importance de la bienveillance et de l’inclusion dans nos environnements de travail. Les manifestations du TDAH sont multiples : troubles de l’attention, hyperactivité, fatigue cognitive rapide, mémoire particulièrement développée, facilité ou au contraire difficulté d’apprentissage… Autant de caractéristiques qui peuvent donner l’impression, à tort, que les personnes concernées sont distraites ou désengagées. Pourtant, ces comportements ne relèvent pas d’un choix, mais bien de leur fonctionnement cognitif naturel. Il est donc essentiel de savoir les reconnaître, non pour les étiqueter, mais pour leur offrir un environnement où elles pourront exprimer tout leur potentiel, plutôt que de risquer de les marginaliser au sein d’une équipe.
Abbey Perini recommande d’ailleurs la mise en place de cadres stimulants et bien délimités dans le temps, comme les sprints ou les systèmes de gestion par ticket, déjà courants dans l’univers de la tech. Ces approches permettent aux personnes avec un TDAH de maintenir leur concentration, de rester engagées et de tirer le meilleur parti de leur énergie et de leur créativité.
Si l’on parle souvent d’accessibilité en termes d’interface, la manière dont nous construisons nos équipes et nos outils reste trop souvent négligée. Faire du bon code ne se limite pas à la technique ; c’est aussi une question de respect des différences et de collaboration humaine. Après tout, nous travaillons avec des humains, pas des machines… du moins, pour l’instant.
Vers un web plus éthique et local-first
Kyle Simpson, l’auteur de “You Don’t Know JS”, nous a présenté une vision tout aussi percutante : celle du web local-first ou “web 2.5”. Cette approche consiste à reprendre le contrôle de nos données, en réduisant la décentralisation, et à construire des applications qui fonctionnent d’abord localement avant de se synchroniser avec le cloud. Ce n’est pas simplement une question technique, mais une question d’éthique, de durabilité et de confiance. Dans un monde où tout devient “as-a-service”, cette approche redonne du pouvoir aux développeurs comme aux utilisateurs.
Concrètement, les données principales sont stockées sur la machine de l’utilisateur, le serveur devenant une option, et non un prérequis. Cela garantit davantage de confidentialité, améliore la performance, renforce la résilience des applications et permet, au passage, de réduire les coûts d’infrastructure tout en simplifiant l’architecture.
Enfin, Kyle a partagé des exemples de librairies facilitant la mise en place du local-first dans nos applications, comme Replicache, YJS ou encore AutoMerge. Et pour ceux qui doutent encore de la viabilité du modèle, il a cité des exemples emblématiques : tels que Spotify, le service de streaming musical, Obsidian l’éditeur de prise de note en markdown ou encore Linear, un concurrent direct de Notion.
Il nous reste encore de nombreuses pistes à explorer, à tester, à comprendre. Mais ce que nous emportons de cette expérience, c’est une envie renouvelée d’expérimenter, de partager nos découvertes et d’adopter une approche différente. Et surtout, de continuer à apprendre, sans fin.
Les concepts et les nouveautés présentées à DotJS 2025 ne sont qu’un aperçu de ce que pourrait devenir le développement web de demain. L’intelligence artificielle, notamment, n’en est qu’à ses débuts. Ses promesses sont immenses… mais encore floues. Restera-t-elle un partenaire puissant pour les développeurs et les autres métiers du numérique ? Ou deviendra-t-elle une force de remplacement ? La suite dépendra de notre capacité collective à l’apprivoiser, à l’encadrer, et à en faire un levier, plutôt qu’une menace.
Brian Bellamy, Développeur Senior Front-end
Mohamed Ali Grissa, Responsable de la communauté Web Front-end