Développer l’innovation grâce à un lab ?

Dernièrement, j’ai donné un retour d’expérience sur la construction d’un lab chez Crédit du Nord ; l’occasion de partager notre savoir-faire en termes d’innovation.

L’innovation est aujourd’hui au cœur de toutes les stratégies des entreprises, et comme a déclaré Gary Shapiro au dernier CES de Las Vegas, « Toute entreprise est ou doit devenir une entreprise technologique » où l’innovation est un puissant levier de performance sur un marché toujours plus compétitif.

L’innovation, c’est quoi exactement ?

On lui connait de nombreuses définitions, de concepts, d’approches… J’en ai retenu une qui me parle (je vous encourage à en faire de même, trouver votre définition) et surtout qui me permet de structurer ma pensée.

Une innovation se structure autour de 4 formes :

  • Incrémentale : la pression sur les projets/missions/activités est si forte, que l’entreprise cherche en priorité dans l’innovation le moyen d’améliorer les processus et la productivité de ses équipes.
  • Adjacente : l’entreprise cherche à gagner du temps, et du coup intègre directement dans son offre un produit, un service ou une technologie existante à travers un rachat, un partenariat ou un recrutement.
  • Rupture : l’innovation de rupture vient déstabiliser la concurrence par l’implémentation de nouvelles technologies (très souvent issue de la R&D) ou de nouveaux usages. Elle bouleverse le marché et fait de son initiateur la référence à suivre.
  • Radicale : c’est commercialiser un tout nouveau produit ou service et en même temps créer un nouveau marché qui ne répond à aucune problématique existante.

Ce qui est sûr, c’est que ce découpage est très subjectif ; il n’existe pas de frontière arrêtée entre les différentes formes d’innovation. On peut noter malgré tout, qu’en terme de planning et d’impact sur le terrain, les différentes formes d’innovation se placent dans une fourchette de 1 à 5 ans.

En termes de périmètre de « jeux », sur les 2 premières formes (Incrémentale et Adjacente) on va parler d’innovation de produit ou service. Sur l’innovation de rupture (la plus recherchée) on se focalisera davantage sur l’innovation technologique. Sur la forme la plus radicale et la plus ouverte, on étendra le champ d’action au marché global (plus de frontière sectorielle) pour parler d’innovation de marché.

Maintenant que l’innovation n’a plus de secret pour vous, la question qu’il faut se poser est : Quels objectifs cherchez-vous à atteindre au travers d’une démarche d’innovation ?

Pour réussir et apporter de la valeur, toute démarche d’innovation doit contribuer aux objectifs stratégiques de l’entreprise. Cela doit être le point de départ pour construire votre dispositif d’innovation et cela vous guidera pour choisir la forme d’innovation recherchée et les moyens à mettre à disposition. En termes de moyens, il faut, identifier ou anticiper les besoins des utilisateurs, expérimenter les nouvelles technologies, les usages et les outils pour mieux les comprendre et aligner le tout pour valider au plus tôt votre innovation sur un marché cible.

On retrouve là, les 3 piliers du Design Thinking, une approche qui met l’utilisateur au centre des préoccupations et qui permet de comprendre le contexte d’utilisation, d’ouvrir le champ des possibles et de tester rapidement en condition réelle. Le tout pour avoir un produit désirable, possible et viable !

Un lab pour donner corps à votre démarche innovation !

Et finalement pour identifier, expérimenter et valider, rien de mieux qu’un lab pour donner corps à votre démarche d’innovation. Un dispositif qui favorise le développement des idées, des concepts en fournissant les outils nécessaires à leur mise en pratique. Il engage également à étudier les comportements des utilisateurs, des consommateurs et à trouver de nouvelles solutions pour les faire évoluer. Il en découle naturellement l'apparition de nouveaux marchés à exploiter. Et au final, il permet de co-créer à plusieurs des innovations que l’on expérimente directement avec les utilisateurs.

Plusieurs types de lab s’offrent à vous. La liste n’est pas exhaustive, mais voici quelques-uns des labs que j’ai pu observer :

LAB R&D Tester et valider les technologies émergeantes
Ex : Le Lab by Cdiscount
FAB LAB Création de prototypes physiques
Ex : Les ateliers Leroy Merlin
LAB AGITATEUR Facilitateur interne, sensibilisation, acculturation à l’innovation, améliore les processus de l’entreprise Ex : LeChaudron.io (Crédit du Nord) DATA LAB Développer des nouveaux produits ou services en s’appuyant sur les données collectées et analysées
Ex : Airbus Skywise
LAB VEILLE Cellule de veille
technologiques & usages
Ex : L’Échangeur (BNP Paribas)
LAB PROSPECTIVE De la veille technologique au
prototypage pour tester les
usages
Ex : Le Lab SQLI

Des labs dont le périmètre d’actions peut également varier :

  • Interne : structure qui regroupe des ressources internes pour stimuler l’innovation au travers de synergies entre les départements de l’entreprise
  • Externe : intégration de compétences/solutions externes (start-up, partenaires, écoles…) pour développer de nouveaux produits ou services qui contribueront aux objectifs de l’entreprise
  • Hybride : mixer les profils internes et externes pour à la fois développer des projets internes (entreprenariat) et apporter des compétences métiers pour les acteurs externes

Mais on retrouvera cependant toujours les mêmes missions transverses à travers ces différents labs :

  • Rendre concret une idée et la transformer en produit
  • Accélérer la maturation de l’idée (souvent de manière frugale, à mon grand désespoir)
  • Connecter les collaborateurs en interne et en externe
  • Acculturer les collaborateurs à l’Innovation

Et maintenant comment construire son lab ?

Pas de recette miracle disponible sur étagère, mais à la place quelques questions à se poser.

  • Désigner les missions du lab
    • Quels sont les objectifs et cibles clients ?
    • Quel mix entre technologies, usages et outils ?
    • Quelles thématiques de recherche ?

Les thématiques de recherche sont très importantes pour cadrer les activités de veille et de prototypage. Cela impacte également les aspects budgétaires et RH dans la définition des compétences et ressources à mobiliser.

  • Définir le modèle d’organisation
    • Quelles compétences, méthodes de travail et gouvernance à adopter ?
    • Comment mobiliser les bonnes ressources ?
    • Comment s’assurer de l’intégration du lab dans l’organisation existante ?

Privilégiez les méthodes de travail de type Agile & Lean (Lean Startup, Design Sprint…) qui favorisent l’autonomie des collaborateurs, l’apprentissage par l’expérimentation avec les utilisateurs (Test & Learn)… Mais attention à l’atterrissage dans l’organisation en place, la fameuse phase d’industrialisation est à intégrer très tôt dans le modèle de gouvernance, car la pleine valeur d’une innovation n’est atteinte que lorsqu’elle est déployée et mise en service.

  • Piloter l’investissement
    • Quel budget de fonctionnement et sa feuille de route ?
    • Quels indicateurs de pilotage ?

Les indicateurs de pilotage sont primordiaux pour assurer la confiance dans le dispositif vis-à-vis des donneurs d’ordre et ainsi s’inscrire dans la durée pour délivrer la pleine mesure de la valeur (2-3 ans).

Ces quelques questions permettent d’éviter quelques pièges et partir sur de bonnes bases mais attention à rester vigilant. Mis en place afin d’imaginer des solutions disruptives, les labs perdent bien souvent leur essence du fait d’une implémentation hâtive, d’objectifs peu clairs et de l’utilisation de méthodes de management traditionnelles.

En conclusion, je dirais qu’un lab doit être à la fois un accélérateur opérationnel dans la construction de roadmaps stratégiques, un agitateur d’idées innovantes et un révélateur de la faisabilité des idées apportées. N’hésitez pas à revenir vers nous pour parler de vos projets de Lab Innovation.

Remerciements

Merci à Virginie Lacroix (Crédit du Nord) de nous avoir donner l’opportunité (lors des « rendez-vous » de l’innovation) de présenter notre savoir-faire et retour d’expérience sur la construction d’un lab. Et merci Julien Giraud (Managing Consultant SQLI) d’avoir organisé cette intervention.